Do Khyentsé Rinpoché est né en 1960 dans la région de Serthar, au sein d’une famille nomade appartenant au clan Mukpo. Son père, Lama Kunmon, était un lama très vénéré, descendant d’une lignée de dix-sept grands lamas et de tertön, « découvreurs de trésors spirituels ». Sa mère se prénomme Peago.

SON ENFANCE

Sa naissance fut accompagnée de nombreux signes miraculeux et, à l’âge de quatre ans, il déclara venir de Déwatchen, la Terre Pure du Bouddha Amithaba. Il montra très jeune un goût marqué pour la contemplation et un désintérêt pour les plaisirs ordinaires. Son immense compassion embrassait tous les êtres sensibles prisonniers de la souffrance, humains comme animaux, jusqu’au plus petit insecte.

Aspirant à la vie spirituelle et manifestant des qualités de cœur et d’esprit hors du commun, Do Khyentsé Rinpoché exprima à ses parents le souhait d’être envoyé auprès du maître et enseignant Lama Rinzang, afin de pouvoir étudier la lecture, l’écriture et la grammaire du tibétain, ainsi que les rituels complexes du bouddhisme tantrique. De ce maître il reçut, dans sa huitième année, le nom de Tcheu Djoung, « Apparition des phénomènes ».

Il montra lors de son apprentissage des dispositions exceptionnelles, parvenant à retenir par cœur de nombreux textes. Il demeura en tout onze années auprès de son tuteur. A la crémation de Lama Rinzang, sur ces os, il apparut des ringsel, « perles de couleur », signe d’une très grande réalisation spirituelle.

A l’âge de dix-huit ans, une fois toutes les connaissances de base acquises, Do Khyentsé Rinpoché poursuivit son éducation dans le monastère de Pel Nianlong Taktchen Tcheukor Lang, sous la direction de Sa Sainteté Namtrul Rinpoché (1944-2011), et de la très grande Dakini Taré Lhamo (1938-2003).

TRANSMISSION DES MAÎTRES

A la même époque, séjournait au monastère de Nianlong le grand maître du Dzogchen Droupwang Rinpoché, Lama Rigdzin Nyima, maître de Namtrul Rinpoché et de Taré Lhamo. De ce maître, Do Khyentsé Rinpoché reçut la totalité des transmissions orales, des enseignements et des initiations du Dzogchen et du Rigpé Tselwang, l’initiation et les instructions du Tcheu ainsi que l’initiation et la transmission orale de ses propres gongters (Trésors de l’esprit) en vingt-quatre volumes.

Par la suite, Do Khyentsé Rinpoché reçut des enseignements et des transmissions de nombreux autres maîtres.

Du grand Nego Khenchen, qui résidait au monastère de Dodroupchen Rinpoché, lui transmit les Ngondrö, pratiques préliminaires de Patrul Rinpoché, ainsi que le Jangsem Chödjouk.
De Sa Sainteté Namtrul Rinpoché et de la Dakini Taré Lhamo, il reçut la transmission et l’initiation des trente-deux volumes des Trésors de Kyabjé Jigdral Yéshé Dordjé, des seize volumes du Trésor d’Apang Tertön et de leurs propres trésors, totalisant trente volumes.
Du grand Tulku Sheshen Ongtrül Rinpoché, il reçut le Longsel, initiation de Guru Rinpoché et le Sölkai Sok, une pratique des Protecteurs.
De Dola Jigmé, il reçut l’initiation de Vajrakilaya, provenant du gongter de Dudjom Rinpoché, ainsi que l’initiation de Kunrik.
De Gyalong Tulku Jigmé Ösel, il reçut le Nyingthig Doumnyi, les Dzeudun et le Ngel So Kor Soum.
De Sa Sainteté le Vénérable Khenpo Jigmé Phuntsok, il reçut le Nyingthig Yabshi de Longchenpa, le Soung Boum de Patrul Rinpoché, le loung du Guru Yoga de Gesar de Ling et les Trésors d’enseignements de Nyerla Sogyal.
De Dodroupchen Rinpoché, il reçut le Rinchen Terdzö (Le trésor des précieux trésors), le Kawang Chenmo, soit un total de mille sept cents transmissions orales et initiations.

Il se rendit aussi à Yarchen Chö Gar, auprès du grand Khenpo Akhyuk Rinpoché, dont il reçut des instructions sur le Dzogchen (Semtri). Lors de cette rencontre, Do Khyentsé Rinpoché offrit deux pierres précieuses qu’il avait trouvées en chemin. Akhyuk Rinpoché les reçut avec une joie et une ferveur intenses, les plaçant au niveau de son front, de sa gorge et de sa poitrine pour en recevoir les accomplissements du corps, de la parole et de l’esprit, selon un rite consacré, propre aux pratiques tantriques. Khenpo Akhyuk Rinpoché lui déclara alors que cette découverte était le signe qu’il était un grand tertön. Il lui recommanda de ne pas se couper les cheveux et lui donna le nom de Jampel Chökyi Gyaltsen, « La bannière de l’enseignement de Manjushri ».

Do Khyentsé Rinpoché entreprit alors une série de retraites, au centre de retraite de Nianlong et dans les lieux bénis par les grands maîtres du passé, dédaignant le samsara et ses attraits illusoires.

A la requête de Namtrul Rinpoché, Do Khyentsé Rinpoché prit ensuite, en tant que guenko, la direction du monastère de Nianlong pendant plus de quatorze ans, tout en y assumant également la fonction de khenpo (professeur). Un jour, il trouva deux fleurs qui portaient chacune cent seize pétales de couleur jaune en colonnade, s’empilant vers le haut, appartenant à une espèce inconnue jusqu’alors. Il les offrit respectivement à Sa Sainteté Namtrul Rinpoché et à la Dakini Taré Lhamo. Namtrul Rinpoché y vit le signe de l’indéfectibilité de leur lien de maître à disciple. Il fit construire aussi, à cette époque, un temple dédié à Vajrasattva.

RECONNAISSANCE

Do Khyentsé Rinpoché fut d’abord reconnu comme l’émanation de Do Khyensé Yéshé Dordjé par le grand Tertön Sangchö Tulku, qui avait précédemment identifié d’autres tulkus aussi éminents que Dzongsar Jamyang Khyensé Rinpoché ou Peyul Chötrul. Cela fut confirmé par Namtrul Rinpoché, puis par l’illustre Tertön Tashi Phuntsok, ainsi que par Sa Sainteté Sakya Tridzin.

Il fut intronisé au monastère de Nianlong en la présence de Sa Sainteté Namtrul Rinpoché et de très nombreux lamas.

PÈLERINAGE ET RETRAITE

Aspirant à la vie de yogi itinérant, à l’exemple de Jetsun Milarépa, Do Khyentsé Rinpoché partit durant quatre années en pèlerinage, méditant dans les lieux sacrés rattachés à Padmasambhava, tant au Tibet qu’au Népal, en Inde, au Sikkim et au Bhoutan.

Il fit un pèlerinage à Do Ari Nak où avait vécu le grand yogi Patrul Rinpoché, lieu considéré comme étant propice à faire naître l’esprit d’éveil, et se rendit à quatre reprises à Lhassa pour méditer dans des ermitages où s’était retiré Padmasambhava : Drak Yangzong, Yarloung, Samyé, ainsi qu’à Gangri Thökar.

Alors qu’il se trouvait en retraite à Tso Péma, le lac sacré de Guru Rinpoché situé en Inde près de Mandi, Do Khyentsé Rinpoché eut en esprit la révélation de nombreux « gongters » (textes sacrés), qu’il concilia ensuite en de nombreuses pratiques, entre autres de Padmasambhava, Vajrakilaya, Kurukulle, Dordjé Drolö (un aspect courroucé de Guru Rinpoché) et Tara.

Un autre jour, alors qu’il méditait au même endroit, il vit un homme plonger sa main dans le lac puis l’en ressortir, tenant une cloche (objet rituel représentant la sagesse) fabriquée dans un alliage précieux et ornée de ciselures magnifiques, qu’il offrit à Do Khyentsé Rinpoché. Celui-ci en fut rempli de joie et la garda précieusement, considérant cette cloche, qui malgré sa grande ancienneté émettait un son très limpide, comme un authentique terma de Guru Rinpoché.

Il se rendit ensuite à Yangleshö, au Népal, un autre lieu béni par le passage de Padmasambhava, où il y demeura en retraite.

Un jour de Dutchen (célébration en l’honneur de Padmasambhava, ayant lieu le dixième jour de chaque mois, dans le calendrier tibétain), un jeune américain qui sortait de sa retraite de trois ans vint lui offrir un kapala (coupe rituelle ressemblant à un crâne humain), rempli de fleurs diverses. Do Khyentsé Rinpoché remarqua que ce kapala était d’une forme parfaite, et interpréta ce geste comme le signe favorable que de sa propre pratique résulterait sans doute de grands accomplissements. Il eut aussi, pendant cette période, la révélation d’une seconde série de textes de pratiques qui vinrent s’ajouter à ceux qu’il avait révélé à Tso Péma.

Il rencontra également, à Yangleshö, le très grand maître et yogi Kyabdjé Tchatral Sangyé Dordjé Rinpoché, qui lui donna de nombreuses instructions et lui fit l’offrande d’un stoupa, le Kouten chörten, symbolisant le support du cœur.

Il se rendit ensuite à Gangtok, capitale du Sikkim, retrouver son maître Dodrouptchen Rinpoché, dont la précédente incarnation, Jigmé Tenpai Nyima (1865-1926), n’était autre que le propre maître de Do Khyensé Yéshé Dordjé.

Do Khyentsé Rinpoché se souvient que lorsque, très jeune, il entendit pour la première fois prononcer le nom de Dodrouptchen Rinpoché, il fut immédiatement rempli d’une joie et d’une dévotion immenses. Il eut par la suite l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises, Dodrouptchen Rinpoché se rendant régulièrement au monastère de Nianlong pour y donner des transmissions et y retrouver ses deux disciples Namtrul Rinpoché et Taré Lhamo, ainsi que Lama Rigdzin Nyima, son ami d’enfance. Il reçut de la part de son précieux maître, son précieux zen (châle de pratiquant), une statue de Padmasambhava ainsi que de nombreuses pilules bénies et des cordons de protection qui, comme le lui prédit Dodrouptchen Rinpoché, apporteraient un très grand bienfait à de nombreuses personnes. Après quoi, Do Khyentsé Rinpoché entreprit un court pèlerinage dans les lieux saints de Padmasambhava, d’après les indications que lui avait données son précieux maître.

INSTALLATION À LA RÉUNION

En mai 2010, Do Khyentsé Rinpoché arriva sur l’île de la Réunion invité par une réunionnaise désireuse de faire bénéficier au plus grand nombre, la richesse de sa présence et de ses enseignements. Il eut tout d’abord la vision qu’il se trouvait sur la Terre Pure de Vajrakilaya, déité courroucée et principal yidam de l’école Nyingmapa.

Un lien karmique très pur les unissant, le Swami Prémananda, l’accueillit dans son Ashram où il développa son activité pour le bien des êtres, et eut souvent l’occasion, en effet, de distribuer de nombreux cordons de protection et des pilules, conformément à la prédiction de Dodrouptchen Rinpoché dont il salua l’omniscience.

Très vite, il se forma, autour de lui, un petit groupe de pratiquants, désireux d’approfondir leurs connaissances sur le bouddhisme tibétain. Face à l’intérêt croissant, Do Khyentsé Rinpoché commença à chercher un endroit pour implanter un centre bouddhiste. Un de ses principaux maîtres, Lama Rindzin Nyima, lui dit à plusieurs reprises qu’il adviendrait beaucoup de bienfaits pour les êtres si son activité se déployait sur cette île.

Un couple, qui avait rencontré Do Khyentsé Rinpoché et qui avait été très touché par son authenticité apprit qu’il cherchait un lieu, et lui proposèrent une maison, dans les hauts de Mont Vert pour y installer son centre.

En 2016, Do Khyentsé Rinpoché, souhaita garder ce lieu béni par toutes les pratiques déjà effectuées,  tout en le transformant en un temple  traditionnel afin de créer un immense support de bénédiction pour toute l’île de la Réunion.

Les souhaits de Do Khyentsé Rinpoché se réalisèrent et grâce à la générosité de bienfaiteurs ainsi que le dévouement de ses disciples le temple fut inauguré le 1 septembre 2019.

Ainsi, il fonda le centre bouddhiste Taktchen Tcheulang Tsokpa, lieu destiné à la diffusion et à la pratique des enseignements du Bouddha.

Do Khyentsé Rinpoché revient ainsi sur sa longue expérience de pratiquant et de méditant :

«Depuis l’âge de huit ans, il n’y a pas eu un jour où je n’ai pas prié mes maîtres et fait des offrandes aux Trois Joyaux, même dans les pires moments. J’ai maintenant plus de cinquante ans et ma foi en l’enseignement du Bouddha et en mes précieux maîtres augmente continuellement».