Padmasambhava

Padmasambhava est un Maître du Vajrayana, originaire d’Uddiyana dans l’ouest de l’Inde du VIIIe siècle environ (cette région se situerait dans la vallée du Swat, au Pakistan).

Padmasambhava naquit huit années après le parinirvana du Bouddha Sakyamuni, conformément à ses prédictions, le dixième jour du septième mois lunaire, sur le lac Dhanakosha en Inde. Selon la légende, il prit naissance sur une fleur de lotus. Le roi du nord-ouest de l’Inde, Indrabhuti, le sortit de la fleur de lotus du lac et l’emmena au palais.

Lorsqu’il était prince, Padmasambhava allait souvent méditer dans la forêt sauvage. Le roi s’en aperçut et organisa rapidement ses noces. Après les grandes noces, le roi lui offrit le trône. Un jour, Vajrasattva apparut dans la clarté d’un arc-en-ciel et dit à Padmasambhava : « Tu es un guide religieux et non un roi politique. Les distractions avec les jeunes filles du palais ne sont pas réelles mais illusoires. Le moment d’entrer dans la vie monastique est arrivé. Il faut te détacher de tout, visualiser les jeunes filles du palais comme des cadavres, abandonner le trône comme des chaussures usées ». Le Maître abandonna ainsi le trône pour devenir moine et eut une vie extraordinaire.

Padmasambhava étudia au temple de Nalanda, établissement d’enseignement supérieur indien. Il devint célèbre pour ses pouvoirs supra-mondains et il pouvait vaincre les démons. Il avait une connaissance parfaite des enseignements du Hinayana et du Mahayana.

Le Bouddha Shakyamuni avait un disciple qui était savant en médecine. Celui-ci légua ses connaissances à l’un de ses fils. Padmasambhava étudia la médecine auprès de ce fils afin de suivre la voie du Bodhisattva.

Afin de propager le Dharma tantrique suprême, Padmasambhava suivit un lettré auprès duquel il étudia les différents dialectes indiens (à l’époque, on en comptait plusieurs dizaines).

Padmasambhava apprit auprès d’un maître technicien indien de 80 ans, Vishyakarma, à sculpter l’or, l’argent, le cuivre, le fer, la pierre, le bois, le bambou, etc. Il étudia aussi toutes sortes de techniques : la teinture, le tissage, la peinture, la construction… Le maître technicien excellait dans tous les arts et techniques. Il était né à l’époque du Bouddha Sakyamuni. Padmasambhava a dit : « Ne pas exceller dans les arts et techniques et ne pas comprendre les capacités des êtres ne permet pas d’avoir les moyens habiles pour les délivrer et transformer leur caractère ».

Padmasambhava arriva dans une grotte et étudia le Dharma tantrique suprême auprès du maître accompli Prabhahasti. Il obtint d’abord les cinq sortes de transmissions de pouvoir du corps, de la parole et de l’esprit. Il reçut ensuite la transmission du rite de la déité Acalanatha et celle des trois tantras Mahayoga, Anuyoga et Atiyoga.

Padmasambhava fit la requête de devenir moine et de recevoir les préceptes. Le maître Prabhahasti dit : « Je ne connais que le Dharma tantrique suprême. Si tu veux devenir moine, tu peux faire la requête auprès du vénérable Ananda, disciple du Bouddha Shakyamuni, et recevoir la tonsure ».

Dans une grotte, Padmasambhava suivit les enseignements du vénérable Ananda sur la discipline. Lorsque le vénérable Mahakasyapa (l’un des principaux disciples de Bouddha) effectua la tonte des cheveux de Padmasambhava, quatre Bouddhas-Mères apparurent soudainement dans le ciel et emportèrent le couteau de la tonte. Padmasambhava servit avec dévotion le vénérable Ananda durant cinq années. Il obtint la transmission de tous les sutras et rites du bouddhisme exotérique et ésotérique, les significations profondes des Dharmas permettant l’atteinte de l’Eveil final, les enseignements oraux secrets.

Padmasambhava souhaitait acquérir l’enseignement sur l’atteinte de l’état de Bouddha en une seule vie. Il se rendit sur les terres d’Adi Bouddha (qui ne se trouvent pas dans le monde des humains). L’enseignement acquis, il redescendit vers le monde des humains en Inde, médita durant cinq années et transmit le Dharma. Il vit Vajrasattva assis sur un éléphant qui lui transmit les dix-huit tantras du Mahayoga.

Padmasambhava arriva sur les terres d’un autre Bouddha (qui ne se trouvent pas dans le monde des humains) pour faire la requête du Dharma. Il y apprit la méditation. L’enseignement acquis, il redescendit vers le monde des humains à Zahor. Il y médita durant cinq années, vit deux grands disciples de Vajrasattva et obtint la transmission de tous les types d’enseignements secrets tantriques pour l’atteinte de l’état de Bouddha et celle de la Grande Perfection.

Au cours du milieu du VIIIe siècle, alors qu’il était encore prince, Trisong Deutsen  (futur roi du Tibet) avait une foi fervente dans l’enseignement bouddhiste et était résolu à le propager. Mais sous l’influence des officiers influents de la dynastie de l’époque pratiquant une autre croyance religieuse, il ne pouvait pas répandre le bouddhisme et ce, malgré sa grande résolution. Après avoir hérité du trône et pris le pouvoir, le roi Trisong Deutsen propagea activement le Dharma. Il invita au Tibet le maître indien du Bouddhisme exotérique, Shantarakshita, qui ramena la « corbeille de règles » et des traités de l’école de la « Voie Médiane ».  A l’époque, la religion primitive au Tibet, le Bön, rejetait le bouddhisme. L’expansion du bouddhisme était extrêmement difficile. Shantarakshita, qui était resté au Tibet, ne pouvait pas faire face à l’influence de la religion Bön et à la sorcellerie. Il conseilla au roi Trisong Deutsen d’inviter Padmasambhava, qui avait étudié le bouddhisme ésotérique au temple de Nalanda en Inde, à venir au Tibet surmonter les difficultés et vaincre les démons. (A l’époque, au Tibet, il y avait de nombreuses voies non bouddhistes, et de nombreux démons malfaisants).

Vers la fin du VIIIe siècle, à l’époque de la dynastie Tang, sous le règne de l’empereur Xuanzong (en l’an 747), Padmasambhava se rendit au Tibet suite à l’invitation du roi Trisong Deutsen. Il fit découvrir les trésors de l’enseignement bouddhique tantrique. Une fois arrivé au Tibet, Padmasambhava utilisa ses pouvoirs supra-mondains pour soumettre les disciples de la religion Bön et les démons malfaisants des alentours, afin qu’ils vénèrent le bouddhisme et qu’ils protègent le Dharma du Bouddha. Il élabora avec Shantarakshita la construction du temple de Samyé, le premier véritable monastère bouddhiste tibétain qui rassemblait le Sangha et qui correspondait à un lieu précieux à l’origine de l’expansion du Vajrayana.

Après la construction du monastère de Samyé, Padmasambhava commença à répandre la voie secrète yogique, à transmettre des dharanis, des sadhanas, à conférer toutes sortes d’initiations tantriques et à fonder des lieux destinés à la traduction de sutras. Toutes ces actions à  aidèrent à la diffusion du Bouddhisme ésotérique au Tibet. Le bouddhisme ésotérique transmis par Padmasambhava est appelé Nyingmapa (école ancienne, en tibétain) qui a pour enseignement tantrique le plus élevé, la « Grande Perfection » (Atiyoga). Parmi les disciples de Padmasambhava, il y avait vingt-cinq Mahasiddhas (grands accomplis), tous étaient des traducteurs renommés de l’époque. Grace à leur traduction des sutras du sanskrit en tibétain et en chinois, ils avaient aussi contribué à répandre le Dharma de Bouddha.

Malheureusement, les jeunes tibétains avaient des difficultés pour apprendre les sutras en sanskrit. Le roi tibétain n’était pas non plus très satisfait. Il savait qu’il était difficile de traduire les sutras du sanskrit au tibétain et interrogea alors Padmasambhava.

Padmasambhava dit : « Soyez rassuré cher roi, il y a certainement des solutions. Le disciple du Bouddha Sakyamuni, le vénérable Ananda, s’est déjà réincarné sept fois. A sa septième réincarnation (précision : il était Ananda à sa sixième réincarnation et non pas sa septième), il est maintenant à Nyemo Chekhar dans la province de Tsang au Tibet où il y a neuf maisons. Son père s’appelle Pagor Hedo et sa mère Drenza Karkyi, son nom est Genjak Tangta. Il a déjà huit ans. Cher roi, si vous souhaitez qu’il mène une vie monastique, vous pouvez obtenir l’accord de ses parents, lui ordonner de faire de la traduction, ce sera la meilleure solution…  » (Ceci fut visualisé par Padmasambhava grâce à son pouvoir de prédestination.).

Par la suite, Genjak Tangta arriva au palais du roi tibétain et fut ordonné moine devant Padmasambhava et Shantarakshita. Il eut pour nom de Dharma Vairotsana. Il suivit un régime végétarien durant sept ans. Ses deux professeurs lui enseignèrent l’écriture indienne. Il pouvait se souvenir de tout ce qu’il apprenait. Shantarakshita lui transmettait les sutras du bouddhisme exotérique, Padmasambhava lui transmettait les tantras du bouddhisme ésotérique: il lui enseigna les tantras externes, puis les trois tantras Mahayoga, Anuyoga et Atiyoga. Vairotsana les traduisit en tibétain. Ensuite, lui furent enseignés : le Sutra de la Confession, le Sutra de la Prajnaparamita, le Sutra Mahaparinirvana, les pratiques et vœux de Samantabhadra, qu’il traduisit également. Puis, lui furent notamment enseignés : le Sutra de Sitatapatra (Bouddha-mère avec un Grand Parasol Blanc), le Sutra de Vajrapani, et le Sutra d’Amitayus (Bouddha de la Longévité).

Parmi tous les sutras du Bouddha qui se trouvaient au Tibet, des milliers avaient déjà été traduits. Il en restait encore un peu plus de trois cents à traduire. Décidant de traduire les derniers sutras, le roi du Tibet désigna alors sept personnes, dont Vairotsana, pour effectuer ce travail. Il choisit également plusieurs jeunes tibétains et leur demanda d’aller étudier en Inde, et de ramener les sutras et de les traduire.

Après le retour de Vairotsana au Tibet, des officiers (tous des pratiquants de la religion Bön et d’autres religions non-bouddhistes) envieux et soupçonneux disaient que ce dernier prétendait être Vairotsana mais qu’il n’était pas le vrai Vairotsana. Ils disaient aussi qu’il n’était pas Ananda (disciple du Bouddha Sakyamuni), qui s’était réincarné sept fois. Ils l’accusèrent également à tort que tous les sutras qu’il avait ramenés d’Inde étaient faux. Le roi du Tibet subissait des pressions de toutes parts. Le meilleur moyen était de dire aux officiers que Vairotsana était mort, de le conduire secrètement dans un endroit éloigné à 50 miles du royaume et de lui construire une maison. Vairotsana traduisit les sutras du bouddhisme exotérique dans la journée et les sadhanas du bouddhisme ésotérique pendant la nuit. Par la suite, ce secret ayant été divulgué, les officiers voulurent l’assassiner. Le roi du Tibet ne pouvait que l’exiler afin de préserver sa vie. Ainsi, Vairotsana fut expulsé en Chine, au Yunnan, où il assura la transmission du Dharma tantrique.

Les tibétains utilisaient une méthode de traduction précise et claire pour traduire des sutras du sanskrit vers le tibétain. Les traductions ont duré treize années.

Après la mort du roi tibétain, Padmasambhava prit la régence durant quatorze ans. Le fils aîné du roi, devenu adulte, prit ensuite le trône. Padmasambhava lui conféra des initiations et lui révéla sa vie antérieure et son destin. Le nouveau roi avait été un de ses disciples dans sa vie passée. Padmasambhava lui donna des conseils sur la bonne gouvernance du pays et engagea vingt-et-un traducteurs en Inde pour assister le nouveau roi.

Padmasambhava se rendit encore vers d’autres contrées pour délivrer les êtres. Finalement, dans la montagne Gungtangla, il se transforma en corps d’arc-en-ciel pour s’en aller vers les terres de lotus du Bouddha et jusqu’à maintenant, il n’est pas encore entré dans le parinirvâna.

Padmasambhava n’est pas seulement le fondateur de la lignée nyingmapa, il est aussi le Maître patriarche qui a ouvert la voie du bouddhisme tantrique tibétain. Il est considéré comme le Maître-racine de toutes les lignées du bouddhisme tantrique tibétain, dont la tradition nyingmapa est la source. Avant toute pratique du Dharma tantrique, il est d’abord nécessaire de pratiquer le rite de Padmasambhava afin de pouvoir atteindre l’Eveil. Jusqu’à nos jours, dans les monastères bouddhistes tibétains, sont vénérés des portraits ou des statues de Padmasambhava. Il est considéré comme un saint au Tibet, comme un protecteur du Dharma tantrique tibétain.

Les pratiquants de la tradition nyingmapa portent une coiffe rouge, légitimant ainsi le nom « l’école des coiffes rouges ». La « Grande Perfection » (Atiyoga) de l’école nyingmapa, la méthode pour l’atteinte de l’état de Bouddha en une seule vie, érigée depuis plus de mille ans, perdure encore de nos jours.

Padmasambhava s’était engagé en personne pour que chaque 10ème jour du mois lunaire corresponde à son jour extraordinaire pour la pratique du Dharma et qu’il apparaisse sous un nombre illimité de corps d’émanation. S’il y a des êtres qui le vénèrent et lui font offrande avec ferveur, ceux-ci obtiendront certainement sa bénédiction exceptionnelle et leurs vœux bienfaisants seront réalisés.

Durant plus de cent ans (il est dit qu’il aurait vécu 111 ans, d’autres évoquent plusieurs centaines d’années), Padmasambhava alla en Inde et au Tibet vaincre les esprits malfaisants et répandre le Dharma du Bouddha. Quant aux termas de la lignée Nyingmapa, ils correspondent à de nombreux sutras et sadhanas, à des transmissions orales secrètes… dissimulés par Padmasambhava grâce à ses pouvoirs supra-mondains dans des roches, des lacs, des cavernes, dans l’air et même dans le cœur des gens, en attendant le moment propice (c’est à dire au bon moment et par les êtres bénis) où ils seraient découverts naturellement ou qu’ils apparaissent spontanément dans l’esprit des êtres humains prédestinés, les tertön.