DHARMA ET THERAPIE : DEUX FONCTIONS DIFFERENTES
Le but du Dharma est l’éveil, c’est-à-dire la libération de toute souffrance par la transformation profonde de l’esprit.
Ces deux approches ne s’opposent pas, mais ne remplissent pas les mêmes fonctions.
Le Dharma ne remplace pas la thérapie
- Les pratiques vajrayana ne travaillent pas directement sur l’histoire personnelle ou les traumas de l’enfance.
- Le maître spirituel n’est pas un psychologue : son rôle est de guider vers la libération, pas de traiter cliniquement des blessures psychiques.
- Certaines pratiques profondes nécessitent une stabilité émotionnelle minimale.
De nombreux maîtres tibétains contemporains soulignent que la santé mentale est une base essentielle pour que la pratique porte ses fruits.
Le Dharma peut soutenir la guérison
Il peut :
- apaiser le cœur,
- donner du sens,
- créer de la force intérieure,
- développer compassion et patience,
-
purifier les émotions destructrices.
Mais cela ne remplace pas un accompagnement thérapeutique lorsque des blessures sont profondes ou intrusives.
QUAND LES TRAUMAS ENVAHISSENT LA PRATIQUE
Certaines personnes arrivent au Dharma avec des blessures importantes : rejet, abandon, humiliations, insécurité affective, manque d’amour dans l’enfance.
Chez certains pratiquants, ce n’est pas vraiment la vue du Dharma qui s’exprime, mais le trauma qui colore tout.
Les traumas se projettent sur le maître spirituel
C’est l’un des phénomènes les plus fréquents et les plus problématiques.
- Le maître peut devenir inconsciemment une figure parentale idéale ou menaçante.
- La personne peut attendre de lui une réparation affective.
- Le moindre silence, remarque ou distance peut réactiver des blessures d’abandon ou de rejet.
- La relation spirituelle devient instable, émotionnellement réactive, parfois fusionnelle ou méfiante.
Dans ces moments, la personne ne voit plus le maître tel qu’il est : elle voit son passé, ses blessures, ses attentes.
Le traumatisme recouvre la vue du Dharma
Lorsque la blessure est trop forte :
- la compréhension des enseignements devient déformée,
- les pratiques sont vécues comme une pression, un devoir, ou une menace,
- l’esprit perd la clarté et le recul nécessaires à la vue juste.
Le Dharma n’est pas inefficace : c’est simplement que la douleur non traitée est trop envahissante.
Sans travail psychologique, la personne tourne en rond
Même si elle pratique beaucoup :
- les mêmes émotions reviennent,
- les mêmes peurs s’activent,
- les mêmes projections apparaissent.
Le Dharma est là, mais il n’a plus d’espace pour agir.
TRAUMAS : OBSTACLES OU OPPORTUNITES ?
Avoir un traumatisme n’empêche pas la pratique. Beaucoup de personnes ayant souffert suivent le chemin avec une sensibilité authentique, une compassion profonde, une réelle aspiration.
Mais un trauma non travaillé psychologiquement peut devenir un obstacle majeur, parce qu’il déforme :
- la relation au maître,
- la relation aux pratiquants,
- la compréhension du Dharma.
Ce n’est pas que la personne n’est pas capable de pratiquer : c’est que la blessure prend trop de place pour qu’une pratique juste et stable puisse s’installer.
LE CHEMIN LE PLUS SOLIDE : DHARMA + THERAPIE
Pour de nombreux pratiquants, la solution la plus sage et la plus bénéfique est de combiner les deux chemins.
La thérapie permet :
-
de stabiliser les émotions,
-
d’apaiser les blessures anciennes,
-
d’apprendre des repères intérieurs sains,
-
de réduire les projections relationnelles.
Une fois ce terrain assaini, le Dharma peut :
- pénétrer plus profondément,
- transformer plus efficacement l’esprit,
- devenir un chemin de libération et non un terrain de répétition des blessures.
Un maître tibétain disait :
La thérapie prépare cette terre.
CONCLUSION
Oui, la pratique peut être entravée par des blessures non résolues, qui se projettent sur le maître et recouvrent la vue juste. Dans ces situations, la thérapie n’est pas un échec spirituel, mais un acte de sagesse, une préparation indispensable pour permettre au Dharma de vraiment entrer..
Le Dharma et la thérapie ne sont pas en concurrence : ils se complètent. L’un soigne l’histoire personnelle, l’autre guide vers la nature ultime de l’esprit.
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