BASE, CHEMIN ET FRUIT

L’enseignement du Bouddha n’est pas une philosophie. Ce n’est pas une pensée brillante, ni un joli système intellectuel. C’est un chemin. Un chemin qui mène à un fruit : la libération totale de la souffrance, l’éveil parfait, l’état de Bouddha. Mais ce fruit n’apparaît pas par simple intérêt ou compréhension mentale. Il résulte d’une transformation complète, fondée sur une vue juste, un chemin pur, et des méthodes exactes.

La base, c’est notre état actuel, mais vu selon le Dharma. C’est-à-dire à la fois notre confusion présente et notre potentiel éveillé.

Le chemin, ce sont les instructions, les pratiques, la méthode.

Le fruit, c’est l’état de Bouddha, la pleine réalisation de la nature de notre esprit.

Mais la base n’est pas « neutre » : elle conditionne la possibilité même de marcher sur ce chemin. Si notre regard reste celui d’un esprit ordinaire, obscurci, alors tout l’enseignement devient illisible, comme un joyau recouvert de boue. C’est pourquoi les maîtres disent souvent que la base est égale au fruit : non pas que nous soyons déjà éveillés, mais que la nature de l’esprit est déjà présente, même si entièrement voilée.

L’OPACITE DU DHARMA

Et c’est là le point crucial : le Dharma est opaque pour la plupart d’entre nous. Pas parce qu’il est compliqué, mais parce qu’il n’est pas conceptualisable avec un esprit ordinaire. On peut avoir l’impression de comprendre, mais si on regarde nos paroles, nos réactions, nos choix… la confusion est manifeste. Même des enseignements très simples, le refuge, l’esprit d’éveil, ne sont pas réellement intégrés. Ils restent à la surface.

Pourquoi ? Parce que notre esprit est voilé depuis des temps sans commencement. Il est obscurci, et ces obscurcissements nous empêchent de voir le Dharma pour ce qu’il est. On le comprend à travers un prisme déformant : notre ego, nos opinions, notre logique mondaine.

Il faut le dire clairement : on peut être très intelligent, avoir une grande culture, une logique fine, et ne rien comprendre au Dharma. La sagesse dont parle le Bouddha n’a rien à voir avec les capacités intellectuelles. Elle est primordiale, non duelle, libre d’élaboration mentale. Et tant que cette sagesse reste voilée, on confondra le Dharma avec nos projections.

 LES MAITRES : REFLETS DU BOUDDHA

C’est pour cela que les maîtres authentiques sont essentiels. Parce que le Bouddha, on ne l’a pas rencontré. Mais les maîtres qui ont réalisé la voie sont des reflets vivants de son esprit. Leurs paroles portent le Dharma, leur esprit transmet la bénédiction, et leur présence nous indique une autre façon d’être.

Et ils ne parlent pas à partir d’eux-mêmes. Ils ne donnent pas leur opinion. Ils se réfèrent au Bouddha, aux textes, aux commentaires. Même après trente ou quarante ans de pratique, ils continuent d’interroger : « Qu’est-ce que dit le Bouddha ? Qu’ont dit les grands maîtres ? »

Pourquoi ? Parce qu’ils savent que l’esprit ordinaire est un piège. Tant qu’on parle depuis lui, on s’égare. Il ne s’agit pas de donner son avis, mais de s’aligner. D’écouter, de recevoir, de transformer.

 ACCEDER AU DHARMA : PAS SANS PURIFICATION

Comprendre cela, c’est aussi comprendre la nécessité de purifier. Tant que nos voiles ne sont pas levés, nous ne voyons pas. Même si on lit les textes, même si on assiste à des enseignements, la compréhension réelle ne vient pas.

Et si on ne réalise pas cela, si on ne reconnaît pas la gravité de notre état d’ignorance actuelle, alors on ne verra pas non plus l’intérêt de pratiquer ces méthodes. On pensera qu’on peut simplement réfléchir, discuter, adapter. Mais le Dharma ne s’adapte pas à nous. C’est nous qui devons nous transformer, radicalement, pour qu’il pénètre notre cœur.

 PAS DOGMATIQUE, MAIS PRECIS

Alors oui, on pourrait croire que tout cela est « dogmatique ». Mais ce n’est pas du dogme : c’est de la précision. Si vous marchez sur une corniche, vous ne voulez pas de vagues suggestions. Vous voulez un guide précis, sûr, exigeant. La voie du Dharma est aussi exigeante, car elle vise l’éveil, pas un mieux-être temporaire.

Il y a des règles, des vues à adopter, parce que le chemin est tracé. On ne le réinvente pas. Sinon, on s’égare. Et ce n’est pas une violence extérieure : c’est la discipline nécessaire pour échapper à la prison de l’ego. C’est un acte d’humilité : reconnaître qu’on ne sait pas, qu’on ne voit pas, et qu’on a besoin de la voie du Bouddha, sans la tordre à notre mesure.

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