PREAMBULE
La fabrication des drapeaux à prière est une activité extrêmement méritoire.
Ce n’est pas simplement un travail manuel : c’est une pratique qui participe à la diffusion du Dharma.
Ces supports, par leur nature même, diffusent une énergie positive.
Lorsqu’ils sont hissés, leurs prières se déploient dans l’espace, bénissant le temple, son environnement, toute l’île de La Réunion et, au-delà, le monde entier. La bénédiction des mantras descend également à travers le mât, qui s’enracine dans la terre et transmet une influence bénéfique à tout l’environnement.
Ainsi, contribuer à la fabrication des drapeaux même pour une seule étape revient à participer directement au bienfait des êtres sensibles.
Il est important de souligner que toutes les étapes de fabrication de ces supports ont été transmises directement par Do Khyentsé Rinpoche.
MOTIVATION
Comme pour toute activité du Dharma, il est essentiel de commencer avec une motivation pure :
« Puissent ces supports du Dharma pacifier les souffrances de tous les êtres et devenir la cause de leur bien-être et de leur libération. »
On garde cette attitude tout au long de la fabrication, en se souvenant que ce que l’on crée n’est pas un objet ordinaire, mais un support sacré.
Lorsque l’activité est terminée, on conclut par la dédicace, afin que le mérite accumulé devienne une source de bienfaits pour tous les êtres.
Ce processus motivation, pratique véritable, dédicace constitue ce qu’on appelle les trois méthodes, essentielles pour que toute activité devienne authentiquement bénéfique.
Un point essentiel pour toutes les étapes de fabrication est de maintenir une attitude de pureté et de respect.
Puisque ces drapeaux deviendront des supports du Dharma porteurs de bénédictions, il est important que notre conduite soit en accord avec leur nature sacrée.
Pendant la fabrication, il est recommandé :
- d’être propre,
- de se laver soigneusement les mains avant de toutes étapes de fabrication,,
- de ne pas être fumeur,
- d’éviter tout postillonnement (on peut porter un masque).
Ces précautions sont une marque de respect profonde envers les supports du Dharma.
Travailler ainsi, avec propreté, respect et conscience, renforce la qualité du mérite accumulé et honore pleinement la nature éveillée de ces supports.
DRAPEAUX DES 5 COULEURS
Les bannières à prières se déploient en cinq couleurs : blanc, jaune, rouge, vert et bleu.
Ces couleurs correspondent aux cinq activités du Dharma, les cinq formes d’action éveillée :
- Blanc – Pacification : apaise les souffrances, les émotions perturbatrices et les conflits.
- Jaune – Enrichissement : augmente la sagesse, les qualités et les bonnes conditions.
- Rouge – Magnétisation : attire les circonstances favorables et rassemble les êtres.
- Vert – Accomplissement : permet de mener à terme les actions positives.
- Bleu – Colère éveillée : élimine les obstacles puissants et coupe ce qui nuit.
Ces cinq couleurs, utilisées ensemble, expriment l’équilibre des activités éveillées.
L’ACHAT DU TISSU
L’achat des tissus marque le début concret de la fabrication des drapeaux.
Il est particulièrement favorable de commencer cette étape en lune montante, c’est-à-dire entre la nouvelle lune et la pleine lune, période associée à la croissance et à l’augmentation des bienfaits.
Lors de l’achat, on doit se procurer trois types de tissus :
a) Le tissu des bannières
Il s’agit des longues bandes de : popeline ou voile de coton, dans les cinq couleurs, idéalement en 1 m 10 de large, ce qui permet de ne pas recouper la largeur.
b) Le tissu pour l’encadrement
Il faut également acheter du tissu supplémentaire, en rouge et en jaune, qui sera cousu tout autour de chaque bannière principale pour former un encadrement.
Cet encadrement est considéré comme une offrande supplémentaire, apportant beauté, respect et harmonie.
c) Le tissu des fanions
TRACAGE ET DECOUPAGE
Respect des supports
Comme les tissus deviendront un support du Dharma, il est essentiel de les manipuler avec respect :
- On ne pose jamais les tissus par terre.
- On utilise un tissu propre servant de support de protection.
- On ne marche jamais sur les tissus.
- On ne les enjambe pas, ni aucun élément destiné à la fabrication : tissus, gabarit, fil, corde, tampons, etc.
On commence par placer la graisse dans une marmite. À ce stade, elle est encore solide, sous forme de blocs ou de morceaux. En chauffant doucement, elle commence à ramollir, prenant une texture épaisse, un peu comme du beurre.
On poursuit la fonte avec beaucoup d’attention, en veillant à ne jamais chauffer trop fort. Une graisse trop chaude peut :
- perdre sa pureté,
- dégager une odeur de brûlé,
- et surtout provoquer, lors du refroidissement, ce qu’on appelle le “frisage” : la surface de la lampe forme alors des vagues ou des plis, ce qui n’est pas harmonieux pour une offrande.
Tous les matériaux destinés à devenir un support du Dharma doivent être traités avec considération, car ils porteront des mantras, des prières et des souhaits.
Une fois l’espace préparé et les tissus correctement installés, on passe au traçage.
On utilise un gabarit, un modèle qui permet de déterminer la taille exacte de chaque futur tampon de drapeau. Le gabarit sert à assurer une régularité parfaite sur toute la hauteur de la bannière pour recevoir les tampons de mantras.
- On pose le gabarit sur chaque bande de tissu.
- On trace les contours au crayon.
- On répète ce processus sur chaque bande des cinq couleurs.
Cette étape est essentielle : un marquage juste garantit une impression régulière et un ensemble de drapeaux harmonieux.
b) Traçage et découpage des bandes d’encadrement
On trace soigneusement les bandes d’encadrement, puis on les découpe.
LES TAMPONS
Les cinq tampons que nous utilisons représentent cinq Bouddhas liés aux cinq activités éveillées.
Ces tampons ont été fabriqués sur mesure au Népal, à partir de maquettes que nous avons nous-mêmes conçues.
Chaque tampon contient :
- un Bouddha au centre,
- une prière qui lui est associée,
- son mantra,
- des offrandes, symbolisant l’accumulation de mérite.
TAMPON DE TCHENREZI
Le tampon utilisé pour les drapeaux blancs représente Tchenrézi, le Bouddha de la compassion, associé à l’activité paisible.
Au centre se trouve Tchenrézi, entouré d’une prière et de son mantra :
Om Mani Padme Houng
Offrande représentée :
Un boumpa, le vase d’abondance, symbole de longue vie, d’harmonie et d’accomplissement des souhaits.
TAMPON DE GURU RINPOCHE
Le tampon utilisé pour les drapeaux jaunes représente Guru Rinpoche (Padmasambhava), associé à l’activité d’accroissement.
Au centre se trouve Guru Rinpoche, entouré de la Prière en sept vers, ainsi que de son mantra :
Om Ah Houng Benza Guru Padma Seuddheu Houng
Offrandes représentées :
Un plateau avec une conque, symbole de l’enseignement et de la victoire du Dharma, un plateau avec la roue du Dharma, symbole de la diffusion de l’activité éveillée.
TAMPON DE KULUKULE
Le tampon utilisé pour les drapeaux rouges représente Kurukullé, divinité qui attire les conditions favorables.
Au centre se trouve Kurukullé, entourée de la Prière du Wang de Tsoldep, la prière qui magnétise toutes les apparences.
Offrande représentée :
Un un plateau de fleurs, symbolisant la beauté et la générosité.
TAMPON DE TARA
Le tampon utilisé pour les drapeaux verts représente Tara, la Libératrice, associée à l’activité éveillée, pacifiante et protectrice.
Au centre se trouve Tara, entourée d’une prière et de son mantra :
Om Taré Toutaré Touré Soha
Offrande représentée :
Un plateau de joyaux, symbole d’accomplissement et une coupe de fleurs, symbole de pureté et d’hommage respectueux à Tara.
TAMPON DE DORJE SEMPA
Le tampon utilisé pour les drapeaux bleus représente Dorjé Sempa (Vajrasattva), le Bouddha de la purification, associé à l’activité purificatrice.
Au centre se trouve Dorjé Sempa, entouré d’une prière, ainsi que du mantra des cent syllabes, reconnu pour sa puissance à purifier les obscurcissements :
Om Benza Sato Samaya… (mantra des 100 syllabes)
Offrande représentée :
Un dorjé et une cloche, symboles de l’union indissociable des moyens habiles et de la sagesse.
L’IMPRESSION
Préparation de l »encre
Pour commencer, nous préparons l’encre destinée à l’impression. Nous mélangeons de la peinture acrylique noire avec un peu de lait afin de la rendre moins épaisse et d’obtenir une texture souple et uniforme. Le mélange est ensuite versé dans un petit bac de peinture, puis chargé au rouleau pour être appliqué sur les tampons.
Application sur le tampon
À l’aide du rouleau, nous appliquons soigneusement l’encre sur toute la surface du tampon, de manière régulière, afin d’assurer une impression nette et équilibrée.
Pose du tissu
Le tissu est ensuite déposé sur le tampon en respectant les marques préalablement tracées grâce au gabarit. Une fois bien positionné, un gros rouleau est passé sur toute la surface afin de favoriser l’adhérence et de permettre au motif et aux mantras de s’imprimer clairement sur le tissu.
Retrait du tissu et séchage
Nous retirons délicatement le tissu du tampon, puis nous le déposons à plat pour qu’il puisse sécher à l’air libre. Par respect des préceptes du refuge, les drapeaux ne doivent jamais être posés directement au sol. Ils sont installés dans un endroit propre, surélevé et approprié, afin de préserver le caractère sacré de ces supports de prière durant tout le temps du séchage.
L’OFFRANDE
Une fois les lampes durcies, on les installe dans la maison des lumières. Tous les temples en possèdent une, plus ou moins élaborée. Certains, comme ici, disposent les lampes sur un socle pyramidal.
Dans une maison des lumières, il est essentiel qu’une lampe reste allumée en permanence. Il ne doit jamais y avoir d’interruption : la lumière doit demeurer continue, symbole de la présence du Bouddha et de la clarté ininterrompue de la sagesse. C’est pour cette raison que l’on place souvent des tsébar, des lampes de grande taille, capables de brûler longtemps et d’assurer cette continuité.
ALLUMER LES LAMPES
Lorsque l’on manipule les lampes ou au moment de les allumer, on veille à ne pas souffler ni postillonner dessus. On protège donc la bouche soit avec la main, soit avec un masque afin d’éviter toute impureté involontaire.
Les lampes doivent être placées avec soin, de manière harmonieuse, en respectant un espace similaire entre chacune d’elles.
Traditionnellement, on utilise pour l’allumage une tige enroulée de coton, appelée « rwa bar » en tibétain, préalablement imbibée de graisse. Cet outil permet d’allumer de nombreuses lampes facilement, sans se brûler et sans salir les supports. Comme toujours, on allume de la main droite, avec des gestes délicats et gracieux. On peut également utiliser une allumette.
Si les lampes ont été préparées correctement, la mèche s’allume immédiatement au premier contact du feu : c’est le signe que l’offrande a été réalisée avec soin et justesse.
LA BENEDICTION DES LAMPES
Lorsque toutes les lampes sont allumées, on les bénit à l’aide du boumpa. En récitant de nouveau OM AH HOUNG, on purifie, transforme et multiplie l’offrande, consacrant ainsi la lumière pour le bien de tous les êtres.
LA PRIERE D’OFFRANDE
Juste après la bénédiction, on récite une prière d’offrande de lumière. Selon les traditions, le texte peut varier, mais l’intention demeure : offrir la lumière aux Bouddhas et Bodhisattvas, dissiper l’obscurité de l’ignorance et apporter clarté, sagesse et bienfaits à tous les êtres.
Il est particulièrement bénéfique d’offrir les lampes avant une pratique, afin qu’elles soient soutenues par les prières, les récitations et les souhaits du groupe, ce qui amplifie leur force et leur portée.
De même, si un maître spirituel est présent, il est extrêmement précieux qu’il puisse allumer les lampes ou réciter les souhaits. Les souhaits d’un maître, dont l’esprit est libre de confusion, possèdent une puissance incomparable.
