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INTERVIEW DE DO KHYENTSÉ RINPOCHÉ

Par Yacoub Patel – JIR (26/05/2016)

« Do Khyensté Rinpoché est un moine tibétain installé depuis quelques années à La Réunion au centre bouddhiste de Mont-Vert. Ses interventions publiques sont plutôt rares. Ce samedi 28/05/2016, il donnera une conférence aux « Elfes du bien-être ». Rencontre.

Que pensez-vous de la Réunion?
Les Réunionnais ont une attitude respectueuse envers les religions. Dans le monde, on devrait vivre dans le respect comme on le fait sur l’île.

L’enseignement de Bouddha y est donc plus favorable ?
Il faut savoir que le cœur de l’enseignement de Bouddha est : autant il n’y a pas de limite à l’espace, autant il n’y a pas de limite aux êtres. Tous les êtres sans exception, ceux qui possèdent un esprit dont les animaux, cherchent à expérimenter le bonheur. Pas la souffrance. Sauf que les êtres ont dû mal à créer les causes de ce bonheur et à abandonner les actes, de la parole et de l’esprit, qui sont sources de nuisance pour eux.

L’être est en contradiction avec lui-même…
Il y a une opposition entre l’aspiration et la pratique. L’aspiration, c’est de trouver le bonheur, et dans la pratique, on crée des actes négatifs. C’est pour cela qu’il y aura toujours cette frustration car on expérimente pas véritablement ce que l’on souhaite.
Bouddha a enseigné les moyens pour savoir comment abandonner ces actes négatifs et comment créer les actes positifs. Dans ce que l’on appelle la loi des karmas, chaque acte induit des conséquences. Et comme on ne peut pas expérimenter les actes d’une autre personne comme on ne peut pas nous prendre nos actes négatifs et les faire disparaître d’un coup, c’est vraiment à nous de réaliser ce travail sur la pacification des émotions de l’esprit.

La responsabilité de chacun est vraiment essentielle…
Le fait de critiquer une religion est un acte négatif. De se disputer, de ne pas s’entendre, cela vient des émotions. Si l’esprit est habité par l’ignorance, l’arrogance, la peur, la jalousie ou la colère, on ne parviendra pas à pacifier ses émotions. Si on change à l’intérieur, on arrivera à changer l’extérieur.

Rinpoché vous confère un statut spirituel dans le bouddhisme, quel est votre rôle dans cet enseignement ?
Il faut savoir que le titre de maître ne s’acquiert pas au bout de dix années de pratique. On apprend depuis étant jeune et enseigne jusqu’à la mort. L’enseignement de Bouddha est sans fin. Un maître spirituel n’est pas seulement un érudit. Il pratique pour le bienfait de tous les êtres. Il doit avoir le pouvoir de révéler les qualités du disciple. C’est un pouvoir qui vient des vies d’avant. Le maître est un corps d’émanation. On prend renaissance par les souhaits de pouvoir aider les êtres. Le disciple doit avoir confiance en le maître pour recevoir l’enseignement, et, avoir foi en la loi du karma et en la renaissance. Un maître enseigne toujours par rapport aux textes où l’objectif est de pacifier l’esprit afin de trouver un bonheur dans cette vie, une sérénité au moment de la mort et ultimement l’état de bouddha.

Enfin, quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?
De comprendre et de développer l’esprit d’éveil que l’on m’a enseigné, tourné vers le bienfait des êtres. La bienveillance envers les autres est la meilleure des protections. Si l’on ne comprend pas la souffrance des êtres, humains ou animaux, on ne peut pas développer l’esprit d’éveil. »